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Communion et conversion des Eglises

Communion et conversion des Eglises
Groupe des Dombes
Bayard, 2014
ISBN: 978-2-227-48712-3


Edition intégrale des documents publiés de 1956 à 2005.
Collection Compact, Montrouge, Bayard, 2014, 720 pages, ISBN : 978-2-227-48712-3, 24 euros.

Cet ouvrage réunit l’ensemble des documents publiés par le Groupe des Dombes jusqu’en 2005, dont certains étaient épuisés.

Le recueil des premiers textes, Pour la communion des Églises, est suivi de Pour la conversion des Églises, qui constitue en quelque sorte la «charte» du groupe, et des documents marquants que sont Marie dans le dessein de Dieu et «Un seul Maître». L’autorité doctrinale dans l’Église.

Préface des coprésidents du Groupe des Dombes, le père Jean-François Chiron et le pasteur Jean Tartier

Le Groupe des Dombes est heureux de présenter, réunis sous une même reliure et un même titre, l’ensemble des documents qu’il a publiés depuis sa fondation jusqu’en 2005. On trouvera donc dans ce volume le recueil de ses premiers textes, Pour la communion des Églises, le document qui constitue en quelque sorte la « charte » du Groupe, Pour la conversion des Églises (1991), ainsi que deux de ses documents les plus marquants, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints (1999) et « Un seul Maître » (Mt 23,8). L’autorité doctrinale dans l’Église (2005). L’apport d’un des principaux lieux du dialogue œcuménique entre catholiques et protestants se trouve ainsi mis à la disposition du public et des spécialistes.

Le Groupe des Dombes (qui a pris le nom du monastère cistercien qui l’a longtemps accueilli) est né de la rencontre, en 1937, de prêtres lyonnais et de pasteurs bernois, notamment l’abbé Paul Couturier, aidé par l’abbé Remillieux, et le pasteur Bäumlin. C’est après la guerre qu’il a pris son essor : ses sessions annuelles en sont venues à réunir une quarantaine de membres venus de France, de Suisse et de Belgique, par moitié catholiques et protestants (réformés et luthériens), librement cooptés et dont la parole n’engage que ceux qui la proposent. Si le Groupe se réunit dans un monastère (aujourd’hui l’abbaye bénédictine de Pradines, près de Lyon), c’est qu’une prière commune, accompagnée et même portée par celle d’une communauté religieuse, constitue le cœur de sa démarche. Œcuménisme doctrinal et œcuménisme spirituel doivent se féconder réciproquement, dans la vie partagée d’une session de fin d’été. L’investigation des questions qui restent séparatrices entre les Églises, et la proposition d’une parole commune, ne peuvent trouver leur source et leur justification que dans une même disponibilité à un même Seigneur : c’est ce que signifient les trois temps de prière qui rythment les journées de travail. Telle est la vocation propre du Groupe des Dombes : rechercher, dans la prière et le dialogue, des chemins de convergence en vue de la réconciliation des Églises, et partager le fruit de sa réflexion priante. Le Groupe s’essaie donc, avant tout, à vivre ce qu’il propose : une démarche de conversion.

Si les travaux du Groupe ont connu le retentissement qui est le leur, c’est qu’ils ont porté sur des questions encore peu abordées dans le dialogue œcuménique à l’époque de leur publication : leur aspect précurseur a inspiré d’autres recherches, et l’originalité avec laquelle les thèmes ont été envisagés reste stimulante aujourd’hui ; les documents demeurent des « classiques » de la théologie œcuménique – et, sur les questions traitées, de la théologie tout court. Après une vingtaine d’années d’« apprivoisement », le Groupe avait entrepris de rédiger des « thèses » à diffusion très limitée : suivant un long temps de face-à-face, venait pour ses membres celui du côte-à-côte. En 1971, un tournant fut pris, avec la publication de Vers une même foi eucharistique : il s’agissait de rappeler, devant les nombreuses requêtes alors faites pour communier ensemble au repas du Seigneur, que l’ouverture eucharistique ne peut se faire sans références théologiques ; un document de plus grande ampleur et de plus grande diffusion s’imposait.

Il s’avéra que cette réflexion ne pouvait constituer qu’une première étape. La célébration eucharistique pose la question de sa présidence, et donc du ministère ordonné : d’où le texte suivant, Pour une réconciliation des ministères (1972), invitant lui-même à prendre en considération le ministère ecclésial par excellence, étudié dans Le ministère épiscopal (1976). Mais la question du caractère sacramentel du ministère ordonné incite à s’interroger sur le thème plus fondamental de la sacramentalité, qui ne peut être envisagé que dans l’Église et en référence à l’Esprit : d’où le texte L’Esprit Saint, l’Église et les sacrements (1979). C’est alors seulement que put être abordée la question délicate du ministère de communion et d’unité dans toute l’Église, assuré historiquement surtout par l’évêque de Rome. Le ministère de communion dans l’Église universelle (1985) est un document important : de par son contenu bien sûr, mais aussi de par la démarche qui est la sienne et qui va structurer les documents ultérieurs du Groupe. Auparavant, la présentation du témoignage de l’Écriture introduisait la réflexion doctrinale. Le risque était alors pour chacun de reporter inconsciemment sur l’Écriture les précompréhensions qui sont celles de son Église. L’étude d’une réalité où la dimension historique joue un grand rôle (la figure de la papauté a pris forme très progressivement) a conduit à étudier pour lui-même ce développement bi-millénaire. C’est ensuite seulement que le recours à l’Écriture a pu avoir lieu, une fois prises en compte les diverses interprétations dont elle a été l’objet dans l’histoire. La référence scripturaire peut permettre alors le discernement de l’essentiel, ne venant qu’après un cheminement historique qui a permis de « décanter » une question grevée par cinq siècles de points de vue souvent violemment opposés : parcours historique qui balise, déjà, le chemin d’une conversion intellectuelle exigeante et ouvre à une compréhension renouvelée de l’Écriture.

Le lecteur de ces cinq documents (le « Pentateuque » du Groupe des Dombes, repris en 1988 dans le volume Pour la communion des Églises) notera également que les premiers textes sont accompagnés de commentaires, qui aident à en situer le propos dans une perspective plus pastorale. Ces commentaires ont ensuite été intégrés aux documents eux-mêmes, contribuant à leur donner ce qui est devenu une caractéristique essentielle des documents du Groupe. Ils se terminent en effet par un appel adressé par chaque partie, catholique et protestante, à sa propre Église, invitée à la métanoia ou conversion ecclésiale.

C’est à cet appel à la conversion des Églises que le Groupe a voulu consacrer le document suivant, Pour la conversion des Églises (1991). C’est en effet à une fidélité plus grande à l’Évangile que les Églises sont appelées, dès lors qu’elles veulent dépasser des séparations qui contredisent le projet même du Christ. La question de la conversion est traitée pour elle-même, dans ses trois dimensions indissociables : conversion chrétienne, ecclésiale et confessionnelle. Trois dimensions d’une même conversion, qui constitue l’identité même des chrétiens, qu’elle soit personnelle ou communautaire : d’où le sous-titre du document, Identité et changement dans la dynamique de communion. Il s’agit donc de distinguer les registres d’identité des croyants en Jésus-Christ, pour mieux envisager à quelles conversions, plus ou moins fondamentales, ces croyants sont invités ; pour discerner aussi – et cela est plus original et, sans doute, plus exigeant – à quelles conversions les Églises elles-mêmes sont appelées.

Marie tient une place importante dans la piété de nombreux chrétiens ; elle en est aussi venue à représenter un « lieu » d’oppositions entre confessions tout autant que d’affirmations identitaires. Aussi, dans une démarche alors novatrice, le Groupe s’est-il décidé à envisager la figure de la Vierge Marie. Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints (1999) propose une lecture œcuménique de l’histoire et de l’Écriture pour, sur cette base, approfondir les questions séparatrices que constituent la « coopération » de Marie au salut, les dogmes marials catholiques de l’Immaculée Conception et de l’Assomption, la virginité perpétuelle de Marie, ainsi que la dévotion mariale. Là aussi, il s’agit de passer de la controverse à la conversion, dans un domaine qui mobilise l’intelligence de la foi, mais aussi l’affectivité spirituelle.

Une question reste en amont de tous les dossiers théologiques ouverts par les groupes de dialogue œcuméniques : celle de l’autorité doctrinale, envisagée très différemment dans les différentes Églises. « Un seul Maître » (Mt 23,8). L’autorité doctrinale dans l’Église (2005) constitue, encore une fois, un document novateur, et qui reste sans équivalent pour évaluer la façon dont les confessions chrétiennes honorent la mission d’annoncer et d’enseigner que l’Église a reçue du Christ. On mesure l’importance des enjeux, qu’il s’agisse de la référence à l’Écriture et à la conscience, ou, par exemple, de la possibilité d’une Église et même d’un magistère infaillibles[1].

Un document a suivi ceux qui sont recueillis dans ce volume : « Vous donc, priez ainsi » (Mt 6,9). Le Notre Père, itinéraire pour la conversion des Églises (2011). D’autres suivront, le Groupe des Dombes continue son travail ! La large diffusion de ses documents (dont témoignent nombre de traductions) montre que la démarche « dombiste » continue à porter du fruit. L’œcuménisme théologique, qui consiste à ouvrir des dossiers qui restent, pour une part au moins, séparateurs, est inséparable de l’œcuménisme spirituel, né de la prière et visant à une conversion qu’on peut appeler, en toute vérité, existentielle.

On s’interroge souvent, aujourd’hui, sur la situation du dialogue œcuménique, pris, dit-on, entre la lassitude des uns et les